Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/479

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Il n’y a guère plus loin de Paris à Nohant par le chemin de fer comme temps, que de Gargilesse à Nohant, et comme la maisonnette de Palaiseau est servie par le chemin de fer je n’aurai pas besoin de voiture, de cheval et de cocher. Si je veux faire une course dans les bois environnants, il y a une espèce de Matron[1] dans le village avec des carrioles. Je me suis informée s’il y avait des appartements meublés dans le cas où vous viendriez me voir, il y en a. Il y a un très bon médecin à notre porte, boucher, boulanger etc., la vie moins chère qu’à Paris et un pays de braves gens, pas dévots et par conséquent pas voleurs ; on vit les portes ouvertes ; enfin de tout ce que j’ai vu, c’est le mieux et c’est même très bien…

Paris, 18 février 1864.

J’ai reçu le canevas de Waldo, j’attends M. Harmant dimanche. Viendra-t-il ? C’est un grand personnage à présent, il est à la tête de la direction de quatre théâtres réunis et il est si occupé qu’on ne sait où le prendre…

Il est question de jouer Villemer le 26…

…On m’annonce une cabale de jésuites. Mais j’ai aussi un public pour moi à ce que l’on assure et un public chaud, nous verrons bien. Le prince et la princesse ont retenu la loge de la direction et on s’arrache les places. C’est un événement que Villemer.

Un autre événement c’est la vente de Delacroix qui atteint des prix fabuleux. Le pauvre homme qui nous donnait si généreusement des peintures, qui vendait pour rien et qui n’avait pas de fortune en laisse une à ses héritiers. Certaines toiles atteindront 50 000 francs. Il y en a à Nohant pour de l’argent et le tableau de fleurs atteindrait, dit-on, un beau prix. Peut-être avez-vous là de quoi compenser le mauvais côté des affaires de Guillery…

Effectivement Delacroix était mort peu auparavant, en 1863, et, comme cela arrive souvent, sa mort occasionna une explosion de sympathie et d’admiration générales, il devint soudain tellement en vogue que la moindre de ses esquisses se vendit trois ou quatre fois le prix obtenu de son vivant pour ses grandes toiles. La famille Sand étant très à court d’argent, George Sand proposa à Maurice de vendre plusieurs peintures qui se trou-

  1. Propriétaire d’un cheval et d’une carriole, qui accompagnait Mme Sand dans ses courses et ses promenades à Tamaris.