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valent à Nohant. Delacroix, durant son séjour au château, y avait laissé plusieurs tableaux représentant des sujets tirés des romans de George Sand et d’autres, des portraits et des dessins. Une série de ses lettres datées de février est consacrée aux indications données relativement aux tableaux que Mme Sand voulait garder. D’autre part Villemer était toujours à la veille d’être joué, on remettait de jour en jour la première. Le 21 février Mme Sand écrit à ses enfants. (Cette lettre est tronquée dans la Correspondance. Nous donnons entre crochets les passages coupés) :

Chers enfants,

Je croyais avoir répondu à votre question. Comment, si je veux être marraine de mon Cocoton ? Je crois bien ! Si c’était comme catholique, je dirais : « Non ! ça porte malheur. » Mais l’Église libre, c’est différent, et vous ne deviez pas douter un instant de mon adhésion.

On commence à travailler sérieusement à l’Odéon. Mais on a perdu tant de temps, que nous ne serons pas prêts avant la fin du mois, et peut-être le 2 ou le 3 mars. Voilà ce qu’ils reconnaissent aujourd’hui. [Mais Larounat est si braque que demain ce sera peut-être encore changé. Aujourd’hui on a essayé un très beau décor, mais il avait oublié de commander le plafond et l’antichambre. Enfin je ne veux pas vous ennuyer de mes ennuis ; ils ne sont pas minces, et vous seriez étonnés de la provision de patience que je fais tous les matins pour la journée.]

J’ai été voir le prince hier matin, j’ai demandé à voir son fils ; il a fait dire à la bonne de l’amener. L’enfant est arrivé avec une personne en petite robe de laine écossaise que j’ai failli ne pas regarder, quand je me suis aperçue que c’était la princesse elle-même qui m’amenait son jeune homme, toute seule et très gentiment. L’enfant est très beau et très joli, avec un air mélancolique et timide.

Il tiendra de sa mère plus que de son père. Il est très mignon et obéissant comme une fille.

Je me porte bien, toujours sans appétit ; ça ne pousse pas à Paris.

[Manceau va mieux malgré un froid de loup. J’espère que vous allumez le calorifère. Le café est parti.]

La vente de Delacroix a produit près de 200 000 francs en deux jours. Les moindres croquis se vendent, 2, 3 et 400 francs. Ce pauvre homme vendait des tableaux pour ce prix-là !

Bonsoir, mes enfants chéris ; je vous bige bien tendrement, [respects et amitiés de Manceau.]