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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/493

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visites de Paris et… que nous nous arrangerons pour être tout près les uns des autres à Paris, et pour revenir ensemble à Nohant quand il nous plaira d’y passer quelque temps.

La veille de son départ les ouvriers de La Châtre lui adressèrent une lettre collective où ils lui exprimaient leur vénération profonde, leur gratitude, leurs regrets de la voir partir, lui témoignant combien ils avaient apprécié ses aspirations démocratiques et libératrices[1] :

Madame,
Chère et illustre compatriote,

À la nouvelle de votre départ prochain, les ouvriers de La Châtre se sont sentis émus et affligés. Et ce n’est pas seulement, croyez-le bien, les bienfaits que votre main a toujours semés autour d’elle, qui leur rendent cette privation douloureuse.

Votre génie est une lumière qui brille sur le monde entier, mais votre cœur a toujours su se faire entendre des âmes simples et populaires. Unis à vous toujours par leurs principes et leurs sentiments dans la sainte communion de la démocratie et du progrès, ils tiennent à vous exprimer, à cette occasion, leurs sympathies et leurs regrets.

Absente, notre pensée vous suivra toujours. Souvenez-vous aussi de nous. Que ces hommages ne soient pas des adieux ; qu’à ces regrets se mêle l’espérance de votre retour.

Si tous ne peuvent aller serrer votre main généreuse, ce témoignage vous dira que vous ne laissez pas derrière vous des indifférents ou des ingrats. Agréez-le du même cœur que nous vous l’offrons. La récompense d’un devoir accompli est dans la conscience même. Mais il est doux aussi d’apprendre qu’on a été compris. Que ses efforts pour éclairer et servir le peuple n’ont pas été stériles et méconnus. Emportez cette conviction, madame, et pensez que, séparés, nous vous aimerons encore et nous applaudirons à vos glorieuses destinées.

De tous ceux qui savent lire, vos pages éloquentes ont fait des admirateurs sincères ou des amis inconnus.

Aux étrangers vous avez fait aimer et connaître notre cher pays. Qui vous sera donc plus reconnaissants que ses enfants ? Si votre nom en est l’éternel honneur, votre gloire se rattache au sien par ses plus belles œuvres. On ne comprend pas George Sand sans les horizons du Berry, loin de Nohant et loin de nous. Que le souvenir de cette soli-

  1. Cette lettre est inédite.