Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/502

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mais surtout le rôle bienfaisant et néfaste du capital étaient si souvent débattues.

Quant à la fable du roman et à ses autres personnages (entre autres la négresse Zoé avec son jargon nègre obligatoire : je vous aimer, la maîtresse dormir etc., etc.), ils sont fort peu intéressants. Toutes les péripéties arrivées aux héros sont oubliées du lecteur aussi vite que s’oublient les histoires où quelque charmante demoiselle (et le lecteur avec elle) doit ignorer jusqu’au dernier chapitre qu’elle n’est pas la fille de son père, mais celle d’un autre homme et qu’elle ne s’appelle pas Mlle une telle, mais bien Mlle Chose.

Pierre Sorède ne peut pas définir en quoi consiste le bonheur. Il le trouve finalement dans l’amour d’une jeune fille forte, pure, aimante et dévouée. Le bonheur est en nous et en dehors de nous et au-dessus de nous, dit-il, et M. Sylvestre lui conseille de ne jamais se fier à son bonheur et de veiller à sa sécurité. Pour confirmer ses mots il assure que toutes les âmes se divisent en deux catégories :

… âmes actives qui cherchent leur jouissance dans celle des autres, et les âmes délicates et molles qui demandent le bonheur sans savoir le donner… La vie des premiers se passe à oublier de vivre afin d’entretenir chez les autres l’éclat et le feu de la vie : peine inutile ! ceux-ci acceptent le sacrifice et n’en profitent pas. Voilà l’écueil du bonheur dans la région du sentiment : trop de dévouement d’une part, trop d’ingratitude de l’autre…

On devine derrière ces lignes un thème très personnel et une allusion à la manière de prendre la vie d’êtres très proches de l’auteur.

Monsieur Sylvestre et sa suite le Dernier amour parurent lorsque Mme Sand était déjà bien loin des impressions douces et idylliques de son séjour à Palaiseau. Elle y vécut de juin 1864 à janvier 1867, ne quittant sa maisonnette que de temps à autre, appelée à Paris pour ses affaires littéraires ou désireuse de passer quelques semaines ou même quelques jours à Nohant, ou encore pour de petits voyages. Puis, elle alla une fois à Nérac, dans la résidence de son ex-mari, M. Dudevant, et ceci en une triste cir-