Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/506

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le sort qui se montre généralement fort peu clément envers les grands hommes, rendit — de par la docte voix du Saint-Synode — un grand service à Tolstoï, et son imposant enterrement « sans prêtre » ne fut point en désaccord avec sa foi et sa volonté. Si Mme Sand avait vécu jusqu’à ce jour-là, elle eût certes confirmé ce qu’elle avait écrit lors des enterrements civils de Maillard et de F. Martin, en y ajoutant peut-être en toute précision : « Je veux qu’il en soit ainsi pour moi-même… » [1].

Mais revenons à l’année 1865.

Presque immédiatement après la mort de Louis Maillard la santé de Manceau alla brusquement en décroissant. Dès 1861, dans toutes les lettres de Mme Sand à Maillard, Dumas fils, Oscar Cazamajou et d’autres, se trouvent des lignes témoignant de l’inquiétude constante qu’inspirait à Mme Sand la maladie chronique de Manceau. Tantôt il y a un peu de mieux, tantôt la toux et la fièvre augmentent. Perpétuellement on consulte des médecins, on change de régime ou de traitement, on recourt à quelque nouveau remède. Mais Mme Sand semble nourrir l’espoir que tous les symptômes alarmants ne sont que passagers, que l’organisme robuste de Manceau, sa volonté de guérir, sa belle humeur constante et des soins se rendront maîtres du mal. Cette espérance fut déçue. Dès le printemps de 1865, Mme Sand comprit que son ami était condamné. Il semble l’avoir compris lui-même.

On n’a publié dans la Correspondance que quinze lettres de 1865. On n’en trouve aucune écrite entre le 29 juin et le 27 septembre. (Celle qu’on a publiée dans la Correspondance entre ces deux dates comme une Lettre à Sainte-Beuve de 1865 n’est point une lettre à Sainte-Beuve et n’est pas de 1865, — comme nous le signala feu M. de Spœlberch, — mais bien une Note destinée à une revue avant 1862. Et voici pourquoi : il est question dans cette page, écrite seulement d’un côté du feuillet, comme on le fait lorsqu’on écrit pour l’impression, ce que George Sand ne faisait jamais dans ses vraies lettres, — il y est donc question

  1. En disant tout cela nous ne faisons que confirmer les idées de Mme Sand sur les cérémonies religieuses et le culte. Nos croyances personnelles sont complètement différentes.