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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/51

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allez bientôt nous ramener, j’espère, les consolations de l’art, remède divin et force bienfaisante. Vous me direz tout ce que vous allez faire, car je compte sur vous pour faire dans Fart la révolution que le peuple vient de faire dans la politique. À bientôt donc, ma Paulita, je vous chéris et vous embrasse mille fois.

Maurice est aux prises avec ses fonctions de maire délégué du gouvernement. La commune de Nohant ne lui offre qu’amitié et confiance. Mais il faut que, dans son petit coin, il travaille à éclairer l’esprit de 900 administrés et de 200 électeurs qui disent tous : Vive la république, à bas l’impôt ! et qui ne veulent pas entendre à autre chose. Dimanche nous faisons une cérémonie champêtre, garde nationale en sabots, cornemuse en tête, et lundi ou mardi, je pars.

À vous, chère fille, toujours, toujours. Maurice et Augustine baisent vos belles mains et vous aiment avec vénération.

George.

Donc la fête eut effectivement lieu le dimanche 19 mars. Lundi, le 20 mars, Mme Sand partit pour Paris, et mardi, le 21, elle écrivit chez Pinson la lettre qui parut le surlendemain, le 23 mars, dans la Réforme, ainsi que la lettre à Maurice qui est imprimée dans la Correspondance à la fausse date de 13 mars, Nous allons citer des extraits de toutes ces lettres, ainsi que la description de la Fête. Quoique chacun puisse la lire dans l’excellent article de M. Monin, nous devons quand même la réimprimer encore une fois ici, parce qu’elle contient des Lignes qu’il nous faut absolument noter et confronter avec d’autres écrits de George Sand ; nous tenons aussi à mettre au point certaines allusions qu’elle contient.

« La commune de Nohant-Vic (Indre) a proclamé la République dimanche dernier (19 mars) dans une cérémonie champêtre à la fois simple et touchante. Les habitants de cette commune, tous agriculteurs, ont demandé au curé de leur chef-lieu paroissial un service funèbre particulier dans leur petite église, trop petite surtout ce jour-là, pour contenir l’affluence des fidèles. Ce temple rustique, à défaut d’ornements somptueux, était paré de feuillages, de branches de cyprès, de mousse et de blanches primevères. Le catafalque en l’honneur des martyrs de la République était couronné d’une splendide guirlande de pâles violettes, et les étendards tricolores qui l’ombrageaient avaient pour hampes des tiges de lauriers fraîchement coupées et garnies de leurs feuilles. La garde nationale s’était organisée et