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À monsieur Charles Poncy.
Palaiseau, 24 septembre.

Mon cher enfant, j’ai été à Nohant passer trois semaines et me voilà revenue à Palaiseau pour régler mes affaires que mon pauvre ami a laissées dans un grand désordre durant cette longue et cruelle maladie. Moi, je ne suis pas malade, ne vous inquiétez pas de moi.

Maurice et Lina vont bien. Ils font marcher Nohant ou ne peut mieux. La chère petite femme est enceinte, forte, active, bonne ménagère, aimable et charmante. Maurice s’occupe de ses terres tout en faisant de la science et des romans. Il y a donc du bonheur pour moi de ce côté-là. Mais quel bonheur est assuré sur la terre ?…

À la fin de la lettre du 28 août 1865 à M. André Boutet, que nous venons de citer, Mme Sand le priait d’examiner tous les papiers de Manceau et exprimait ses craintes que le testament de Manceau ne lui causât des ennuis au cas où la famille de Manceau, surtout son père, réclamerait une forte pension annuelle et surtout si on allait attaquer les droits de Maurice sur la terre de Palaiseau et sur une partie de la maisonnette, léguées à lui par Manceau. Toute une série de lettres de Mme Sand à Maurice, Lina et M. Boutet (du 3, 9, 17 septembre — deux lettres écrites à la même date — du 21, 23, 24, 29, 30 septembre 2, 3 et 5 octobre) sont consacrées aux questions : Faut-il ou ne faut-il point accepter ce legs ? Comment parer aux exigences de la famille Manceau, en cas de réclamations de leur part ? Devait-on ou ne devait-on pas consentir à lui payer jusqu’à 1 000 francs par an ? (diminués graduellement à 500, 300, 200 francs par an et enfin réduits à une proposition à Mlle Laure Manceau, de la part de Mme Sand seule, de lui donner une petite rente annuelle, qui ne serait pas à la charge de Maurice après la mort de Mme Sand). Dans le cas où l’on refuserait l’héritage, on ne serait tenu de payer ni les dettes de Manceau, ni le médecin, ni le pharmacien, etc., etc., mais alors Mme Sand risquait de perdre la maisonnette qui lui était chère par ses souvenirs et lui permettrait de travailler tranquillement isolée. On voit là combien