Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/515

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restent à Palaiseau, et que je vais acquitter au plus tôt ; je leur ai promis les vieux souliers et les outils de graveur ! J’ai mis de côté pour toi les plus beaux burins et diverses choses qui pourront te servir. Enfin j’ai cédé la montre avec plaisir, heureuse d’en être quitte à si bon marché. Je ferai quelque chose pour Laure, mais sans prendre aucun engagement et sans que cela te retombe sur le dos en aucune façon. Dors donc en paix seigneur de Nohant, Palaiseau et Gargilesse. Prévost fait recopier la transaction pour te l’envoyer, tu verras qu’elle est très bien faite et que Ludre l’approuvera de tous points… J’ai couru hier toute la journée avec Alexandre de chez Prévost au Sénat, et puis chez Magny où il m’a donné à dîner ; je dîne aujourd’hui chez Popotte, qui me mène au Français. Je retourne à Palaiseau demain. Je me porte bien et je vous bige mille fois tous deux.

Mardi soir.

À Lina.
Palaiseau, 5 octobre 1885.

Bige ton Bouli pour moi, ma Cocotte, me revoilà à Palaiseau. J’ai grâce à sa procuration, — pas la procuration de Palaiseau, mais celle de Bouli — terminé pour le mieux, bien mieux qu’on ne pouvait l’espérer ! — cette ennuyeuse affaire. Vraiment ces gens ne sont pas de mauvaises gens, et ils n’ont pas conclu en se faisant tirer l’oreille, mais en déclarant qu’ils me devaient tout et que je ne leur devais rien. Ils ont dit la vérité et fait leur devoir, sans doute, mais ça n’est pas si répandu que ça de^Tait l’être, cette façon d’agir. Me voilà donc tranquille sur l’avenir de ce petit coin où je ne comptais pas m’enterrer, mais où j’ai été clouée par le chagrin et la pitié. Je ne sais pas si je m’y plairai dans les conditions de solitude où me voilà. Jusqu’à présent j’ai eu tant d’activité que je ne sais guère si je suis en l’air ou sur terre. J’ai terminé un tas de choses. J’ai renouvelé pour cinq ans mon traité avec Buloz dans de bonnes conditions. J’ai tiré au clair la question des médecins et pharmaciens qui m’effrayait. Morère, 130 francs ; Camille ne veut rien ; l’oxygène 80 ou 100 francs, c’est peu, comme tu vois. Fustes voulait 500 francs pour une visite et trois lettres. Je lui donnerai 50 francs et, s’il n’est pas content, il se couchera auprès. J’ai vu un tas d’appartements, rien qui nous convienne à moins de 3 000 francs au moins dans les alentours de l’Odéon, avec la rue du Luxembourg.

… Je me décide à rester cette année où je suis, en y ajoutant un rez-de-chaussée de 250 francs ; juste au-dessous de mon entresol, un salon double du mien, une salle à manger idem, avec une grande alcôve où on pourrait mettre deux lits, une cuisine double de la mienne, avec une petite cour de deux mètres par derrière. Je mangerai et je recevrai