Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/530

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C’est le héros du parti ennemi, le chouan Saint-Gueltas de La Roche-Brûlée.

Enfin George Sand peignit dans Henri de Sauvières, cousin de l’héroïne, un jeune aristocrate, sincère et naïf, généreusement enrôlé dans l’armée républicaine pour défendre sa patrie. Ce personnage ressemble beaucoup au père de l’auteur, ce fringant et joyeux officier des guerres de la République, que les catastrophes politiques n’ont ni brisé, ni endolori, mais entraîné seulement dans leur sillon.

Dans ces trois représentants des groupes sociaux et des types de l’époque, George Sand montre l’influence très différente des faits historiques sur les individus. Elle montre aussi que dans la tourmente les hommes se laissent souvent emporter malgré eux par les passions politiques et commettent des forfaits, parfois même des crimes, absolument en désaccord avec leur propre nature. Tel est le double but que l’auteur se proposa en écrivant ce roman. Il est dédié à M. Henri Harisse.

George Sand dit dans la préface de Cadio qu’elle s’était « dispensée de faire comparaître les morts célèbres et de leur attribuer des sentiments et des idées complaisamment adaptés à sa fantaisie, — ce qui est toujours d’usage dans les romans dits historiques », et qu’elle avait simplement « tâché de reconstituer par la logique les émotions de l’époque », sous une forme concise et artistique, de peindre les petits faits souvent horribles qui passent inaperçus de l’histoire, tout eu reflétant la puissance néfaste des grands mouvements historiques. Et pour souligner ce pouvoir hypnotisant des époques sanguinaires sur les particuliers les plus inoffensifs, elle cite comme preuve à l’appui de ce qu’elle avance, un fait inconnu s’étant passé lors des terribles « journées de Juin ».

Aux journées de Juin de notre dernière révolution, la garde nationale d’une petite ville que je pourrais nommer, commandée par des chefs que je ne nommerai pas, partit pour Paris sans autre projet arrêté que celui de rétablir l’ordre, maxime élastique à l’usage de toutes les gardes nationales, quelle que soit la passion qui les domine. Celle-ci était composée de bourgeois et d’artisans de toutes les opinions et de