Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/561

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m’y suis toujours attendue — je m’en moquerai bien quand je me porterai bien… »

Mme Sand va enfin venir. Elle me prie de m’informer de la personne qui accompagne Mme Clésinger. Je lui écris que c’est le prince X… qui la « promène ». Et elle me répond :

« Justement le promeneur actuel de cette dame est le plus grand fou et le plus grand sot qui existe, malgré beaucoup d’esprit, de talent et de bonté… En outre il n’a aucune idée des convenances morales quelconques et ne manquerait pas de venir me parler comme si de rien n’était. Il faut absolument qu’ils soient partis pour que je parte. Mes paquets sont toujours là qui me regardent d’un air d’impatience. Avertissez-moi, chère enfant, dès que ces voyageurs seront en route. Je vous aime et je vous embrasse tous les trois… »

Je confesse que j’aurais volontiers envoyé au diable Solange et son « promeneur ».

Enfin la difficulté fut levée : Lina Sand, malgré sa grossesse avancée, insista pour que Maurice accompagnât sa mère. Maurice « au besoin saurait empêcher les persécutions et les bravades ». Et puis il se trouva que « le monsieur » n’était pas celui qu’on pensait », disait George Sand dans sa lettre du 7 février 1868.

C’est ainsi que vers la mi-février George Sand put se rendre aux Bruyères, avec Maurice et Maxime Planet. Plauchut, qui séjournait chez son frère à Nice, les rejoignit chez Mme Adam.

On lit avec un plaisir extrême la description de ce séjour de George Sand au Golfe Juan dans le livre de Mme Adam : Mes sentiments et nos idées avant 1870, dont nous avons cité tant de belles pages. On y apprend non seulement tout l’historique des relations entre les deux femmes illustres, on y lit encore une quantité de lettres inédites de George Sand des plus curieuses, des résumés presque sténographiques des causeries entre George Sand et Juliette Adam ou Juilliette des Bruyères, soit chez elle, soit à Nohant, durant les séjours qu’elle et sa famille y firent en 1868, 69 et 70. On y trouve aussi de magnifiques pages émues et profondément senties, caractérisant George Sand comme écrivain et comme femme, « bienfaitrice et bienfaisante » par ses idées, ses tendances, aspirant toujours à s’élever plus haut et à aider les autres à acquérir une plus haute conception de la vie. Enfin on lit dans ce livre charmant le récit d’un voyage que