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M. et Mme Adam et Mlle Alice Lamessine firent avec Mme Sand et Plauchut dans les Ardennes, à la frontière belge, où ils visitèrent les célèbres grottes de Han, le champ de Waterloo et les Dames de Meuse. George Sand plaça dans ce pays l’action de son roman Malgrétout.

Puis, Mme Sand revisita encore une fois l’Auvergne et la Savoie, toujours en vue de chercher un cadre pour ses nouveaux romans. En 1872 elle alla à Cabourg afin « d’y plonger » un reste de coqueluche dont ses petites-filles et elle-même avaient été atteintes cet été.

Nous avons déjà dit (voir notre volume Ier) que ces paysages, ces montagnes, ces vallées et ces hameaux consciemment « pris sur nature » tout à fait comme par un adepte de l’école naturaliste ne produisent jamais l’impression ineffaçable laissée par les descriptions du Berry ou de Venise, qui s’étaient imprégnées inconsciemmemt dans le souvenir de la grande romancière.

La vie paisible à Nohant, vouée exclusivement aux intérêts scientifiques et artistiques, fut brusquement interrompue par la guerre de 1870 et les horreurs de la Commune et de sa répression.

Mme Sand accueillit l’ouverture des premières hostilités avec un sentiment de révolte et de profonde indignation.

Je trouve cette guerre infâme, — écrit-elle le 26 juillet à Flaubert, — cette Marseillaise autorisée, un sacrilège. Les hommes sont des brutes féroces et vaniteuses ; nous sommes dans le deux fois moins de Pascal ; quand viendra le plus que jamais ? [1].

Nous avons ici 40 et 45 degrés de chaleur à l’ombre. On incendie les forêts : autre stupidité barbai-e ! Les loups viennent se promener dans notre cour, oîi nous les chassons la nuit, Maurice avec un revolver, moi avec une lanterne. Les arbres quittent leurs feuilles et peut-être la vie. L’eau à boire va nous manquer ; les récoltes sont à peu près nulles, mais nous avons la guerre, quelle chance ! L’agriculture périt, la famine menace, la misère couve en attendant qu’elle se change en Jacquerie ; mais nous battrons les Prussiens. Malborough s’en va-t-en guerre !

  1. Mme Sand adorait ces lignes de Pascal : « La nature agit par progrès itus et reditus… Elle passe et revient, puis va plus loin, puis deux fois moins, puis plus que jamais… » Elle avait copié et collé cette phrase sur son bureau de travail à Nohant, Ce bureau appartient maintenant à M. Henri Amic.