Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/58

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une souffrance, et je pense maintenant que le luxe est un besoin de la vanité plus qu’un appétit véritable de la mollesse…

Les amis de George Sand ne purent toutefois pas accepter aussi bénignement ces calomnies et lorsque Jules Favre crut possible de proclamer hautement dans son rapport à la Commission d’Enquête que Mme Sand avait reçu de l’argent du gouvernement provisoire et des ministres, l’un des membres de ce gouvernement, un vieil ami de Mme Sand, Étienne Arago, en fut indigné et crut devoir réfuter sérieusement ce mensonge. Nous avons retrouvé dans les papiers de George Sand deux lettres de ce vieux républicain accompagnées de deux versions d’une réfutation adressée par lui à la rédaction du Corsaire. Il nous semble suffisant d’en donner une seule.


Cabinet du directeur général des postes.
1848, Paris.
Ma chère amie,

Cette lettre vous va-t-elle ? J’allais l’envoyer à la rédaction du Corsaire, lorsque Gouin m’a apporté le petit mot qu’il vous adresse en réponse à une demande que vous lui avez faite. Si ma lettre vous va, dites-le-moi, et le Corsaire l’insérera de gré ou de force :

« Monsieur le rédacteur, dans un de vos numéros du mois dernier, vous demandiez à connaître la somme que Mme Sand aurait reçue du gouvernement provisoire pour la rédaction de ses bulletins. C’est à moi peut-être qu’il appartient de répondre à cette question puisque dans une de ses insinuations inexactes M. Jules Favre a prétendu devant messieurs de l’enquête que c’était moi qui avais conseillé à M. Ledru-Rollin d’employer la plume de Mme Sand. Je puis donc vous dire, monsieur le rédacteur, que je mets au défi le plus grand fureteur de trouver dans les comptes du gouvernement provisoire et du ministère de l’intérieur autre chose que la preuve du désintéressement complet de l’illustre écrivain si injustement soupçonné. Agréez, etc.

Étienne Arago.

Cela vous va-t-il ? Si oui, la lettre part, si non, je la déchire. Écrivez-moi donc bien vite. J’ai vu ces jours passés MM. Planet et Fleury, nous avons parlé de vous : c’était toujours cela ; mais quand nous re verrons-nous ? On m’a parlé d’une charmante préface que vous écrivez