du nombre ? » Elle remarque qu’il serait impossible après la Révolution qui proclama les droits de l’homme, après la révolution de février qui renversa le pouvoir de l’argent, de revenir à l’essai manqué de l’adjonction des capacités.
On reconnut que… l’État n’avait ni le droit ni le pouvoir de faire un choix, de favoriser des classes, des corps, des professions. Il n’y avait qu’une solution possible, équitable et large : le droit de tous, et il fut consacré avec tous ses inconvénients, tous ses périls, toutes ses menaces.
La situation n’a pas changé depuis ces jours et quoique alors c’avait été une grande faute politique de proclamer le suffrage universel, les amis de la République doivent maintenant « endosser » cette noble faute :
Avec toutes ses conséquences et tous ses inconvénients et dans le préjudice même qu’elle avait porté jadis au gouvernement républicain ils doivent voir sa nécessité historique, l’inéluctable puissance et la vérité, plus forte que ce gouvernement même. C’est pour cela que tout le monde doit se séparer de l’idée politique, abandonner tous les intérêts de partis et s’unir au nom de l’idéal républicain parce que « la forme républicaine est la seule qui convienne à une nation qui se respecte », l’opinion républicaine fait de grands progrès en France, « elle se répandra et croîtra d’année en année, les erreurs et les fautes adhérentes à cette forme, au contraire, décroîtront. »
Mme Sand conseille à tout le monde d’imiter l’exemple de M. Thiers qui, avec une force de caractère étonnante, a adopté
la forme républicaine comme nécessaire et respectable, contrairement à ses sentiments personnels. C’est la première fois qu’on a vu au pouvoir un homme faisant abnégation de ses opinions et de ses sympathies, non pour plane à un parti, mais pour se dévouer au salut d’une nation…
Et Mme Sand clôt sa lettre en répétant, encore une fois, qu’il faut éclairer l’ignorance et lui pardonner au lieu de la punir.
Ces deux lettres de George Sand n’ébranlèrent certes point l’opinion de Flaubert, tout comme les lettres et les réponses de Flaubert ne changèrent ni les sentiments ni les idées de Mme Sand. Chacun resta fidèle à sa pensée. D’autre part, cette polémique n’altéra pas les relations des deux amis. Ces articles de George Sand accueillis par les républicains avec une chaude approbation,