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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/585

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calme et d’un doux et chaud amour pour tous les hommes[1].

En dehors de certains passages de ses lettres particulières pouvant nous éclairer là-dessus, les chapitres i, iii, ix et x, mais surtout le chapitre viii des Impressions et souvenirs sont des documents curieux pour étudier la synthèse philosophique et religieuse de George Sand dans les dix dernières années de sa vie. (Nous avons déjà parlé ailleurs[2] du chapitre xviii, consacré à l’analyse des opinions du père Hyacinthe Loyson.)

Les chapitres i et iii, tous les deux datés de 1863, sont comme la suite naturelle aux discussions philosophiques et psychologiques de Mme Sand avec Manceau à Gargiiesse et aux bords de la Creuse, qui trouvèrent leur écho dans la Nouvelle lettre d’un voyageur de 1864. D’autre part, ce chapitre ni traite encore la question des songes, du travail inconscient de la pensée et du libre arbitre, et se rattache en partie aux Lettres ix et x, adressées à Rollinat, spécialement consacrées à des observations et des réflexions sur les rêves. Nous pouvons donc considérer ces quatre chapitres comme une seule œuvre.

Le premier chapitre, daté du 23 janvier 1863 (une petite préface adressée à Charles Edmond et datée de juillet 1871 ne sert que d’entrée en matière à cette série de lettres), ce premier chapitre commence par la peinture d’une soirée d’hiver à Nohant. En la lisant on croit voir ce coin paisible, éclairé par les rayons orangés du couchant qui traversent la dentelle noire des tilleuls effeuillés ; le ciel, encore rouge à l’ouest, tandis que la lune est déjà au zénith, derrière elle monte dans le bleu froid toute la constellation d’Orion, brillante comme un diamant, et plus bas éclate le blanc Sirius, palpitant dans l’éther ; il nous semble aspirer cet air frais et immobile tout imprégné de l’arôme des violettes tardives ; nous éprouvons ce calme que Mme Sand ressentait de tout son être, au point de « craindre » de remuer, de « s’entendre marcher », afin de ne pas « déran-

  1. Nous en avons déjà parlé dans le tout premier chapitre de notre premier volume, ainsi que dans le chapitre iv (à propos de l’éclosion première des sentiments religieux dans l’âme de la petite Aurore Dupin).
  2. Voir plus haut, chap. ix.