Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/609

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Quoique dans cette dernière période décennale George Sand se soit souvent appliquée à tirer un drame ou une comédie de l’un de ses romans, elle ne consacrait plus son temps à ce genre de travail aussi souvent que durant les quinze années précédentes. Et la plupart des pièces qu’elle fit entre 1866-1876 (l’Homme de neige, Cadio, les Don Juan de village, Mademoiselle La Quintinie, les Beaux Messieurs de Bois-Doré, la Laitière et le pot au lait, Un bienfait n’est jamais perdu, ou ne furent pas mises à la scène par elle seule ou bien ne virent jamais la rampe, ou ne se maintinrent que fort peu sur l’affiche.

Ma sœur Jeanne, publié dix ans après la Confession d’une jeune fille[1], est également l’histoire d’une enfant. Quoique l’héroïne soit appelée « ma sœur « par le héros du roman, elle ne l’est point et se trouve être la fille illégitime de la malheureuse marquise de Mauville et de son amant, le noble et non moins infortuné sir Richard Brudnel. Jeanne a été soustraite à la vengeance du marquis de Mauville, un fou méchant, puis sauvée d’une mort certaine, après la fin soudaine de la marquise, par l’amie d’enfance de cette dernière, Adèle Moessart, bien entendu une femme du peuple, plus tard mariée à Moreno Bielsa, un « vertueux contrebandier ». Jeanne s’éprend — ceci va sans dire — de son prétendu frère Laurent Bielsa. Mais, en vraie fille d’Ève, elle comprend d’abord très vite quel genre de sentiment elle éprouve pour ce « frère », puis très promptement aussi se renseigne sur sa généalogie. Tandis qu’il faut au simple fils d’Adam — c’est-à-dire à Laurent — un temps énorme pour débrouiller cet écheveau de suppositions et d’hypothèses et éclaircir le mystère de sa vie. Il découvre peu à peu que Jeanne n’est pas sa sœur, ni une fille illégitime de son père, ni le fruit d’un amour criminel de sa mère, et enfin que leur fortune est le résultat des… opérations soi-disant commerciales de son père. Celui-ci est bien contrebandier, mais aussi noble qu’un contrebandier romantique peut l’être. Quant à sa femme, la belle-mère de Laurent, elle personnifie le sacrifice. Laurent découvre aussi

  1. Dans la Revue des Deux Mondes du 1er janvier au 1er mars 1874.