Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/61

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Je suis toujours dans ta cambuse, et j’y resterai peut-être. C’est une économie, et le gouvernement provisoire vient m’y trouver tout de même.

Le gouvernement et le peuple s’attendent à de mauvais députés, et ils sont d’accord pour les ficher par les fenêtres. Tu viendras, nous irons, et nous rirons. On est aussi crâne ici qu’on est lâche chez nous. On joue le tout pour le tout ; mais la partie est belle…

(Nous omettons les lignes qui suivent et qui se rapportent à Borie, surnommé « le Potu » ; natif du Limousin, il était un objet constant de moqueries de la part de Mme Sand et de son fils sur son accent limougis et son flegme d’Auvergnat.)

… Ne manque pas de dire à ta garde nationale qu’il n’est question que d’elle à Paris. Ça la flattera un peu…

La fin de cette lettre, imprimée dans la Correspondance, y est arbitrairement ajoutée et appartient en réalité à la lettre inédite du 25 mars. Quant à celle du 23 mars, nous l’avons citée presque en entier, quoiqu’elle soit publiée dans la Correspondance, pour la raison qu’on y voit se suivre et s’entrelacer, presque sans aucune transition, toute une série de nuances d’humeurs, de faits et d’idées d’ordres très divers et tous extrêmement importants pour le biographe. D’abord, le ton de la lettre est gai, alerte, moqueur, on y sent la confiance dans sa cause et dans le triomphe de la République. Puis, nous y voyons narrée la part la plus directe que prenait l’auteur aux agissements du gouvernement, aussi bien que ses propres projets littéraires et autres. On y voit encore échapper à la plume de l’amie de Ledru-Rollin des indications fort intéressantes concernant messieurs les républicains : ils devaient à Paris ainsi qu’en province avoir recours à de petites ruses ; taire cela, chauffer artificiellement ceci, et en particulier on voit comment George Sand conseillait à son fils de recourir même à de petits trucs aussi peu… sages que d’assurer sa garde nationale, « qu’il n’était question que d’elle à Paris. » Et enfin nous y voyons annoncer la décision prise dès lors, probablement pendant l’une de ces séances privées du gouvernement provisoire dans la « cambuse » de la rue de Condé, d’ajourner les élections, dont