Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/617

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localisé : je me sens plus forte et plus libre, dans mon être, que je ne l’ai peut-être jamais été. J’étais légèrement asthmatique : je ne le suis plus ; je monte des escaliers aussi lestement que mon chien.

Mais, une partie des fonctions de la vie étant presque absolument supprimées, je me demande où je vais et s’il ne faut pas s’attendre à un dépai’t subit, un de ces matins. J’aimerais mieux le savoir tout de suite que d’en avoii’la surprise. Je ne suis pas de ceux qui s’afîectent de subir une grande loi et qui se révoltent contre les fins de la vie universelle ; mais je ferai pour guérir tout ce qui me sera prescrit et si j’avais un jour d’intervalle dans mes crises, j’irais à Paris pour que vous m’aidiez à allonger ma tâche ; car je sens que je suis encore utile aux miens.

Maurice va mieux…

Il est très intéressant de constater que, n’ayant point fait d’études médicales, mais étant par vocation une fine observatrice des choses de la vie, Mme Sand donne dans cette lettre des indications fort précieuses pour un médecin et des indices très précis sur la nature de son mal. Il est à croire que si cette lettre était tombée entre les mains de quelque autre docteur qui n’aurait pas même été mis au courant de la maladie de Mme Sand par ses « comptes-rendus » précédents et par ses récits oraux, il se serait empressé de prendre des mesures énergiques, jusqu’à conseiller peut-être une opération chirurgicale.

D’autre part, George Sand semble avoir eu le pressentiment de la gravité de ce « mal localisé », la sensation que la mort était déjà là, toute proche, au seuil de la porte.

Ce même jour, le 28 mai, vinrent à Nohant, de La Châtre des amis des Sand : M. et Mme Paulin de Vasson (apparentés avec les Papet, les Périgois et la famille de Jules Néraud). Tous deux ont décrit leur dernière visite et leur causerie avec Mme Sand ; ils le firent immédiatement après sa mort ; l’une le 11 juin, l’autre le 12 juin. Ces deux récits ont donc une valeur particulière.

Mme Nannecy de Vasson écrit dans ses Notes, très attrayantes par leur simplicité et l’absence de tout artifice :

Notes et impressions écrites après la mort de Mme Sand.

Le dimanche 28 mai j’ai été à Nohant passer la journée avec Ninie pendant que Paulin était au Coudray avec ses parents. Nous y avons