Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/621

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jeune homme de Nîmes qui venait souvent à Nohant. Je me souviens que j’ai donné à Mme Sand des nouvelles du docteur Darchy, son ancien médecin préféré, que j’avais vu un mois avant à Chambon. Mme Sand s’est écriée : « Pauvre Darchy, s’il était encore à La Châtre je ne serais pas malade. » Je n’ai pas fait grande attention à cette exclamation, ne trouvant rien d’inquiétant dans son aspect. J’ai dit alors : « Le brave Darchy est très absorbé par ses courses et sa clientèle et il m’a dit, madame, qu’il ne viendrait à Nohant que si vous aviez besoin de lui, ce qui, ai-je ajouté, ne se produira pas de si tôt. » (Quatre jours après Darchy était appelé et nous déclara qu’elle était perdue.)

Pour en revenir à cette journée du 28 mai, il fut question d’un voyage à Paris. Je dis à Mme Sand : « Voulez-vous que je vous accompagne ? » Ma femme ajouta : « Je vous donne mon mari. » Elle était peu décidée à faire ce voyage. Cependant le lendemain 29 elle se déterminait à le faire accompagnée de Sagnier. En vue de son départ elle voulut prendre une précaution de santé nécessitée par l’état latent de la maladie, qui est devenue fatale…

Le 29 mai, ayant l’occasion de passer à Nohant, j’entrai prendre des nouvelles de M. Maurice — écrit le docteur Chabenat dans ses Notes sur la maladie de Mme Sand. — Mme Sand apprenant ma présence au château me fit demander par l’aînée de ses petites-filles, Aurore ; je montai dans son cabinet ; elle était assise devant son bureau, une cigarette à la bouche et la plume à la main.

Elle me dit qu’il n’y avait pas eu de selles depuis le 23 et me fit remarquer que son ventre avait augmenté de volume. (Regardez donc cette panse, docteur, me dit-elle.) Malgré cela elle travaillait avec autant de facilité que par le passé, mais le volume énorme de son abdomen, la fatigue qu’elle éprouvait dans la marche, les coliques qu’elle avait après les repas, l’inquiétaient.

Je me réservais de faire un autre jour un examen direct… parce que cet état me semblait assez grave, mais ce jour-là Mme Sand n’était pas alitée, et, nouveau médecin dans la maison, j’aurais pu paraître bien audacieux.

Je crus qu’il était prudent de combattre immédiatement la constipation et je prescrivis pour le lendemain matin, 30 mai, 30 grammes d’huile de ricin avec 30 grammes de sirop d’orgeat. Je choisis de préférence un purgatif doux agissant plutôt mécaniquement qu’en irritant l’intestin, parce que je croyais avoir affaire à un intestin ulcéré. Le purgatif fut pris le mardi 30 mai à 10 heures du matin.

    avant sa mort, cet article ne se distingue par aucun mérite et contient une série d’erreurs et d’inexactitudes. C’est ainsi par exemple que M. Ritter assure que Solange demeurait chez sa mère à Nohant, etc., etc.