Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/627

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parlé (et en présence de Mme Lina, de M. Cazamajou, des deux domestiques), pratiqua l’opération. Mme Sand eut d’horribles souffrances pendant l’opération ; elles furent suivies d’un soulagement notable ensuite… La soirée fut plus calme.

Mme Clésinger, prévenue par une dépêche, était arrivée de Paris et resta jusqu’à la fin à Nohant pour veiller sa mère et lui donner ses soins.

La journée du samedi 3 juin fut relativement meilleure sans qu’il y eût cependant aucune rémission dans les symptômes. Il y avait bien quelques selles mais le ballonnement du ventre, les douleurs, le pouls ne changeaient pas. La malade causait un peu mieux ; elle demanda à voir ses deux petites-filles et son chien Fadet, elle prit un peu de gelée de viande. Rien à signaler dans la soirée. M. Darchy restait à Nohant ce qui nous permit de nous retirer vers 11 heures.

Le lendemain matin 4 juin l’état s’était aggravé, le pouls était à 100 pulsations, la respiration plus difficile par suite de la distension des intestins par les gaz. À chaque instant la malade demandait à changer de place ; elle se plaignait sans cesse et exprimait le dégoût que lui inspirait sa maladie. On recommença l’opération que M. Péan avait faite l’avant-veille, mais sans obtenir plus de succès… [Vient l’énumération des symptômes qui s’étaient aggravés.] La journée fut plus calme que la matinée.

On télégraphia à M. Favre de revenir à Nohant. La soirée et la nuit n’apportèrent aucun changement.

Lundi 5 juin. — M. Favre et M. Plauchut arrivent le matin et se rendent dans la chambre de Mme Sand où nous étions réunis, Papet, Pestel, Darchy et moi. La malade était encore plus affaissée que la veille, elle avait cependant son entière connaissance et embrassa avec effusion MM. Favre et Plauchut, On ne prescrivit rien de nouveau. Le ballonnement du ventre était toujours considérable, le pouls à 100… l’occlusion persistait.

M. Darchy quitta Nohant dans l’après-midi. Nous nous retrouvâmes le soir, et M. Pestel resta passer la nuit. Nous constatâmes ce soir-là un épiphénomène grave. La bouche et le pharynx étaient remplis de muguet.

Mme Simonnet passa la journée du 5 à Nohant, elle repartit le lendemain matin et revint le soir. M. Cazamajou, M. René Simonnet, Mmes Lina et Clésinger ne quittaient pas Mme Sand.

Mardi 6 juin. — Les symptômes s’aggravent encore ; la malade conserve cependant sa connaissance. Les amis arrivent pour assister aux derniers moments de l’illustre écrivain. M. et Mme Boutet sont là, MM. Émile Aucante, Plauchut, Amie ; MM, de Vasson, Cabillaud, Moulin viennent passer la soirée avec M. Maurice et prendre des nouvelles de sa mère.