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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/628

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Mercredi 7 juin. — Le muguet augmente. La soif est atroce. La malade change de place à chaque instant ; elle se plaint du ventre, très distendu, et des reins. Elle a horreur de sa position ; elle demande la mort.

Vers 9 heures du matin elle fait appeler ses petites-fiUes, les embrasse toutes les deux, les appelle ses chères adorées et leur recommande d’être bien sages. Tous les assistants ont les larmes aux yeux.

La journée et la soirée n’apportent aucun changement. On continue à faire des onctions sur le ventre avec la pommade mercurielle belladoimée…

Vient une énumération des symptômes dont les uns s’aggravent, les autres restent alarmants comme au premier jour.

Le soir on transporte Mme Sand sur un lit de fer, afin de changer ses draps et de la délasser un peu.

M. Papet s’en va vers 9 heures, je reste jusqu’à 11 heures. M. Pestel malgré la présence du docteur Favre, veille jusqu’à 4 heures du matin. Au moment de son départ l’état de la malade était toujours le même[1].

Jeudi 8 juin. — À 5 heures du matin, une heure après le départ de M. Pestel, lime Sand perd connaissance ; son agonie dure quatre heures et demie, elle expire à 9 heures et demie…

« Ces lignes ne sont pas destinées à la publicité, écrit le docteur Pestel dans sa Note. Elles n’ont été écrites que dans le but de fixer mes souvenirs personnels. Quand on se fie à sa mémoire, le temps efface les impressions, dénature les faits, il engendre la légende avec ses exagérations et ses erreurs. Quand on prend le soin de noter ses impressions du moment, ce que l’on a vu, ce qu’on a entendu, l’écrit reste et avec lui la vérité. Voilà pourquoi j’ai écrit ces notes… »

Ces mots du docteur Pestel qui sentent d’épilogue à ses réflexions sur les médecins de Nohant, pourraient parfaitement servir d’épigraphe aux Notes qu’il ajouta au manuscrit de M. Henry Harrisse. En effet leur bonne foi, leur vérité et leur exactitude ne peuvent éveiller le moindre doute. C’est pour cela qu’à l’exception de deux passages que nous empruntons au petit opuscule de M. Harrisse très bien écrit et plein de sentiment, mais malheureusement comportant les ajoutés mentionnés plus

  1. M. Pestel écrit : « Quand je quittai Nohant le 8 juin à quatre heures du matin, le pouls de la malade avait encore une force telle que je devais supposer que l’existence se prolongerait pendant vingt-quatre heures environ. »