Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/634

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En effet, à peine George Sand avait-elle fermé les yeux que surgit cette question. Du reste ceci n’est pas exact : elle était encore vivante lorsque Solange souleva la question : Comment enterrera-t-on sa mère ? Seront-ce des funérailles catholiques ou un enterrement civil ? Voici en quels termes s’expriment là-dessus le docteur Pestel, M. Paulin de Vasson, Henry Harrisse et Lina Sand :

« Le 6 juin au soir le curé de Vicq était dans la cour ; M. Plauchut alla lui dire que s’il désirait avoir des nouvelles de la malade, il avait le regret de lui apprendre qu’elle n’était pas mieux, que s’il était venu dans l’espoir d’exercer près d’elle son ministère, il pensait que sa démarche était inutile, parce que certainement Mme Sand ne le recevrait pas. À cet instant Mme Solange apprenant la présence du curé, descendit pour lui parler. Plauchut lui dit : « C’est inutile de le chercher, « je viens de lui donner congé. » Néanmoins Mme Solange se rendit dans la cour, demanda si le curé était parti, elle le rit qui se promenait dans la grande allée du jardin. Elle fut le trouver et le remercia de sa bonté d’être venu savoir des nouvelles de sa mère. Le curé lui dit : « Mais j’étais venu aussi dans l’espoir d’apporter à Mme Sand le secours « de la religion. » Mme Solange lui répondit que sa mère, quoique bien souffrante, n’en était pas là, qu’elle craindrait en introduisant près d’elle un prêtre de lui causer une émotion fâcheuse, que le lendemain elle lui ferait porter des nouvelles et que si l’état s’aggravait elle le ferait prévenir. »

Dans ce peu de lignes Solange est reflétée ressemblante de tous points, allures, manières et parler ; c’est un vrai instantané. Solange n’est préoccupée que d’une chose : que tout soit « convenable », que « les apparences soient sauvées » ; c’est pour cela qu’elle parle fort aimablement au curé, tout en lui mentant en disant que « sa mère n’en était pas là » ; elle le détourne de l’intention de revenir le lendemain en lui donnant le conseil déguisé de ne pas se déranger, lui promettant de lui envoyer des nouvelles de la malade et de « le prévenir si son état s’aggravait », tout cela « le 6 juin où Mme Nannecy de Vasson mettait dans son journal : Mme Sand est au plus mal », la veille du jour où elle écrivait : « Mme Sand est condamnée », et le jour même où le docteur Chabenat inscrivait dans ses feuillets : « Les symptômes s’aggravent encore, la malade cependant conserve