Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/635

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la connaissance ; les amis arrivent pour assister aux derniers moments… » etc., etc.

Mais reprenons le récit du docteur Pestel :

Déjà le 7 juin, dans la soirée, Mme Solange, prévoyant la fin prochaine de la malade, avait consulté Simonnet, puis Cazamajou sur le mode d’enterrement ; ils répondirent tous deux : « Mais je pense que ce sera un enterrement civil. » Mme Solange n’était pas de cet avis. Plauchut lui dit que Mme Sand devait être enterrée civilement, que ses opinions l’exigeaient, que faire autrement serait lui aliéner tout le parti républicain ; que du reste Mme Sand étant allée à l’enterrement civil de Sainte-Beuve et y étant la seule femme qui y fût, c’était là de sa part une sorte de déclaration. Mme Solange répondit que Mme Sand n’était pas la seule femme qui se fût rendue à cet enterrement et que si elle y était allée, c’était à cause de Sainte-Beuve et non dans l’idée d’adhérer à un enterrement civil, ajoutant que, dans bien des circonstances, elle s’était moquée (??) des gens qui se faisaient enterrer civilement, et tout dernièrement encore à l’occasion de Patureau-Francœur…

Mme Solange ne se gênait pas pour altérer la vérité et cela avec un aplomb digne d’un meilleur usage. Elle prétendait que sa mère s’était « moquée » d’enterrements civils « en bien des circonstances », tandis que justement en bien des circonstances George Sand avait exprimé ses sympathies pour des enterrements « sans prêtre » et le désir qu’elle et ses proches fussent inhumés de cette manière-là. Mme Solange cette fois encore a fardé la vérité.

Il faut se rappeler la lettre de George Sand écrite en 1864 à l’occasion de la mort de Fulbert Martin, ses réflexions lors de l’enterrement civil de Maillard, en janvier 1865[1], et le fait que malgré les terreurs de la famille de Manceau, elle fit enterrer elle-même ce vieil ami sans aucune espèce de cérémonie religieuse. Quant à la présence de Mme Sand à l’enterrement civil de Sainte-Beuve en 1869 (et à celui de Pierre Leroux en 1871), il est vrai qu’elle y avait été « non par désir d’adhérer » à des opinions quelconques, mais par simple amitié pour les défunts.

  1. Voir plus haut, chap. xii, p. 485-487.