Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/64

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de sa localité : d’inculquer l’idée de la solidarité de toutes les communes, si importante pour faire prospérer la souveraineté du peuple et si facile à compromettre par les jalousies de clocher. Elle y revient souvent encore, tant dans ses lettres à sou fils que dans ses écrits politiques. Cette fois, elle lui écrit à ce propos :

Je n’approuve pas ton idée de séparer Vic de Nohant. Cette rivalité est à détruire et non à encourager. Ces petites communes isolées ne pourront rien, elles ne pourront pas l’une sans l’autre faire les dépenses nécessaires à leur bonne gestion : c’est comme un ménage qui dépense double en se divisant en deux individus. Étant maire à Nohant, tu reprends la part d’autorité que Nohant avait perdue, c’est à toi de maintenir l’égalité des pouvoirs des deux communes en prenant tes conseillers également dans l’une et dans l’autre, et en tenant ferme, sans préférence et sans faiblesse.

Je ferai l’impossible pour vos fusils. C’est bien difficile, Subervie n’étant plus là[1], j’agirai par Ledru-Rollin, qui est tout à nous, c’est-à-dire tout au peuple.

Embrasse Titine pour moi, impossible de lui écrire, mais dis-lui qu’elle m’écrive de temps en temps et que je l’embrasse, et que je pense à elle. Dis-lui tout ce que je fais, sans lui parler des commissaires : et missionnaires que je fais envoyer. Cela est pour toi seul… Borie t’a acheté pour quarante sous quatre bretelles de fusil. Il ne part pas encore, les élections étant retardées. Ma Revue est toute prête, seulement, je n’ai pas encore le temps de la commencer. Voilà tout, je crois. Je t’embrasse mille fois, prends courage, nous allons ferme !…

Jusqu’à cette ligne, toute la lettre est inédite, la fin est imprimée dans la Correspondance, en qualité de fin de la lettre du 23 mars et se rapporte aux dangers encourus par Emmanuel Arago à Lyon. Elle se termine par des paroles toujours enthousiastes encore :

Nous l’aurons, va, la République ! en dépit de tout. Le peuple est debout et diablement beau, ici !

  1. Le général Subervie avait été nommé ministre de la Guerre le 24 février, mais bientôt la commission de la Défense se mit à agir à son insu, on se mit à l’accuser d’inertie et de lenteur, et bien vite on nomma à sa place le général Eugène Cavaignac.