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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/640

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calmé et a consenti à aller se coucher, et j’ai pu retourner à La Châtre.

Le 9 (juin) Moulin est venu dans la journée à Nohant consulter Maurice et Solange pour savoir s’il devait faire ouvrir le testament de suite. En même temps il leur demandait s’ils consentaient à ce que M. Périgois fît un discours d’adieu au nom du Berry. Les deux démarches étaient délicates, la seconde surtout, à cause des dispositions hostiles à M. Périgois que l’on croyait capable de faire un discours de sectaire, ce qui était bien peu le connaître, comme les faits l’ont démontré.

Le 9, pendant la conférence de Moulin, nous circulions dans la maison, Nannecy et moi. J’ai vu la pauvre morte et cette pauvre Lina qui pleurait si amèrement avec Nannecy.

Plauchut se renfermait dans le pavillon, loin de ces débats sur l’enterrement de sa grande amie. Je me suis promené avec Albert Simonnet, le plus sympathique des trois, qui m’a dit beaucoup de choses sensées, en manifestant ses alarmes à l’encontre de Solange qu’il connaît bien. Quant à elle, ou la voyait gesticuler, commander. La bête s’était déchaînée. Lina au contraire abdiquait. Il est impossible d’avoir été plus digne…

« J’étais à mille lieues de penser que Mme Sand passerait par l’église », écrit Lina Sand dans sa Noie manuscrite, je fus donc stupéfaite quand, dans la matinée qui suivit la mort, je fus appelée par Solange, Simonnet et Cazamajou, qui me prouvèrent qu’il valait mieux enterrer religieusement Mme Sand. Je regimbai violemment, mais, tout entière à mon chagrin, je leur répondis de s’adresser à Maurice, que cela le regardait, que de son vivant j’avais le droit de la protéger, qu’après sa mort cela regardait les enfants. Je comptais sur Maurice, loin de croire qu’il accéderait aux raisonnements de Solange et de Simonnet. Ce dernier, pour me faire céder, m’assura que mes filles ne se marieraient pas, si je faisais obstacle à l’acte religieux. Je suis persuadée que George Sand qui avait un écrit lorsqu’elle était chez des amis, n’a pas voulu en avoir à Nohant, de peur d’un conflit entre Solange et son frère[1].

Lina.

P.-S. — Le docteur Favre a dû dire à Maurice ce qu’il m’a dit à moi-même à propos du reporter du Figaro : « Laissez-moi faire, recevez bien les catholiques, c’est ce parti-là qui a le plus injurié votre mère,

    d’ordres ou de recommandations de Mme Sand à ce sujet, il est prêt, si tel est le désir de Maurice et de Solange, à immédiatement remettre le testament au président, afin de le faire ouvrir.

  1. Me Adrien Guédon, avoué que Mme Sand avait consulté pour la rédaction de son testament, lui avait conseillé d’éviter tout conflit avec sa fille, que Mme Sand devait réduire à la quotité disponible afin d’avantager son fils et ses petites-filles. — W. K.