Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/644

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Le samedi 10 juin je descendis de bonne heure au salon de M. Pestel et j’eus avec lui une nouvelle conversation. Je rengageai vivement à mettre par écrit tout ce qui s’était passé sous ses yeux pendant la maladie de Mme Sand. Il me le promit. À 10 heures mes compagnons et moi nous reprîmes, par une pluie battante, la route de Nohant où nous déjeunâmes en compagnie du prince Napoléon, de Renan et de Flaubert, arrivés le matin même…

Lorsque nous arrivâmes au château, les restes de l’illustre défunte étaient exposés sur son lit dans sa chambre à coucher, au premier étage, le visage tout couvert de fleurs. Dumas, qui la vit, me dit que la main droite, mignonne et polie comme de l’ivoire, seule n’était pas recouverte…

Les trois passages suivants étant inexacts dans le texte manuscrit aussi bien que dans le texte imprimé de M. Harrisse, nous leur substituons (comme suite au passage qu’on vient de lire) la note que M. Pestel a jointe à cet endroit du récit de M. Harrisse :

Ce fut Mme Solange qui, seulement aidée des femmes de la maison, donna aux restes de sa mère les derniers soins. Elle passa dans la chambre mortuaire toute ou presque toute la nuit du 8 au 9 juin. Avec elle s’y rendirent successivement les deux jeunes Simonnet, MM. Amic, Plauchut, Favre et Aucante. La nuit suivante les servantes seules veillèrent, elles se tinrent dans le cabinet de travail adjoint à cause de la mauvaise odeur. La mentonnière ne fut placée que dans le but de maintenir la bouche fermée. Les enfants qui virent leur grand’mère morte firent cette remarque que sa figure était bien moins changée qu’elle ne l’était la veille…

Reprenons le récit de M. Harrisse :

… Les amis, les curieux, les invités, des reporters envoyés par le Figaro et le Bien public se promenaient dans le jardin, ils discutaient la nouvelle qui venait de nous être communiquée que Mme Sand serait enterrée selon les rites de la religion catholique. Tout le monde était étonné et se demandait à qui il fallait attribuer l’initiative de cette cérémonie assez inattendue. J’allai aux renseignements.

On pensait généralement que le testament de Mme Sand contenait une clause formelle ordonnant qu’elle fût enterrée civilement. Dumas et Aucante à qui Mme Sand avait, de son vivant, confié la mission de garder tous ses papiers, ayant eu à interroger M. Ludre, son avoué à La Châtre ou M. Moulin, son notaire, de ses dernières dispositions touchant ses lettres et ses manuscrits, apprirent que, par un codicille,