Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/660

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fiers, vous êtes plus aisés que nous… voilà tout ce que vous avez de plus que nous dans ce monde. Mais nous verrons là-haut, nous autres, qui sera le plus près du Dieu juste… Viens, ma fille, allons-nous-en dans notre pauvre cabane où je veux mourir en paix !… Retirez-vous tous ! J’ai assez de force pour défendre ma fille ! essayez-y un peu !…

Nous citons de mémoire cette apostrophe passionnée du père Rémy, prononcée avec force et vigueur par Paul Mounet. (Il m’avait médiocrement plu au premier acte et me parut manquer de simplicité ayant trop déclamatoirement débité la consécration de la Gerbaude.) Cette diatribe bouleverse tous les habitants de la métairie Fauveau… et toute la salle avec eux ! C’est ainsi que se termine le second acte.

L’intérieur des Fauveau est devenu sombre et triste. Le père Fauveau a perdu son calme et son appétit, il a conscience d’avoir fait quelque chose qui n’est pas bien, mais il ne veut pas en convenir. Sylvain est au désespoir, dévoré de jalousie, s’imaginant que Claudie ne l’aime point, il a même tenté de se suicider n’ayant que grâce à la présence d’esprit du bouvier échappé au danger d’être écrasé par le chariot sous les roues duquel il s’était laissé tomber, volontairement. La mère Fauveau pleure sur son fils et sur la pauvre Claudie. Heureusement que chez la Grand’Rose, la colère comme le repentir, les larmes et le sourire se suivent de près… Elle est prompte en paroles, mais c’est une bonne âme. L’idée que de pauvres malheureux avaient été chassés à cause d’elle lui est insupportable ; elle s’élance après le chariot emmenant le père Rémy avec sa petite-fille, les rattrape, met tout en œuvre : prières, raisonnements, supplications, enfin presque de force elle les ramène à la ferme. C’est elle, n’est-ce pas, qui est la vraie maîtresse de céans, le père Fauveau n’est que son métayer !

Mme Delvair est ravissante dans cette scène où d’abord elle arrive, tout essoufflée, pour annoncer qu’elle est parvenue à faire revenir les deux malheureux, puis, aidée de la mère Fauveau, emmène par ruse le père Rémy, afin que le jeune couple puisse s’expliquer. Us ne parviennent pas à s’expliquer, toute-