Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/666

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vers de Judith Gautier À George Sand et Mme Amel, habillée en Berrichonne, chanta d’une voix fluette une ancienne Chanson à Claudie écrite par Dupont, et lorsque tous les sociétaires de la Comédie se rassemblèrent sur la scène, comme cela est de rigueur en pareille occurrence, les uns costumés, les autres en tenue de ville, et se mirent à « déposer les couronnes », c’est-à-dire que tous les artistes agitèrent pendant quelques secondes et d’un air assez confus, devant le buste de George Sand, des branches de palmiers et de lauriers, tout cela parut une chose officielle aussi inutile que ressassée et d’un manque de goût conventionnel, sentant à dix lieues cette banalité routinière dont George Sand s’éloigna toute sa vie. Elle la craignait dans ses pièces mêmes, elle tâchait de l’éviter, ce dont Zola l’avait louée plus tard, tandis que plusieurs de ces pièces parurent d’une nouveauté déconcertante à ses contemporains. C’est ainsi que lorsque parut Claudie les critiques les plus sympathiques pour Fauteur, tels que Sainte-Beuve et Gustave Planche, trouvèrent que cette pièce, paraissant si idéaliste de nos jours, était écrite dans une langue trop simple, trop vulgaire, était trop réaliste, que George Sand aurait mieux fait si, en laissant les mêmes sentiments et les mêmes idées à ses personnages, elle les avait fait s’exprimer en un langage plus élégant, et surtout, oh ! surtout ! si elle ne s’était pas permis d’y intercaler des locutions locales. Car George Sand avait commis en 1851 le même crime que les uns avaient tant reproché à Tolstoï après les Fruits de la science et la Puissance des ténèbres, tandis que d’autres y avaient cru voir une révélation d’art. Chacun des personnages de Claudie a sa propre manière de parler, ses locutions favorites. Ainsi par exemple Denis Ronciat dont tout le parler dénonce le paysan pan^enu voulant faire parade de son « éducation », assaisonne, de plus, tous ses discours du mot : « Et… et différemment… » C’est tout comme le paysan de Tolstoï avec son : Et vérita-ble-meint.

Donc, toutes ces couronnes et lauriers, et tous ces discours, prose et poésie, auraient, à mon avis, bien pu briller par leur absence. L’impression emportée dans l’âme après Claudie avec