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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/674

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Le concours des chants et des danses devait aussi avoir lieu immédiatement après, mais il était si tard déjà, tout le monde était tellement exténué par la chaleur et l’écrasement qu’on les remit au soir.

Les gas du Berry reformèrent leurs rangs, attaquèrent leur marche traditionnelle, les petites-filles de George Sand — leurs présidentes d’honneur — prirent avec gentillesse les bras de deux gas du premier rang, et en avant ! aux sons des gais motifs berruyers, nous nous dirigeâmes tous à leur suite, par les petites rues et ruelles de La Châtre, vers l’établissement de M. Descosses, Là, les gas du Berry burent un verre à la santé de leiurs présidentes et les remercièrent d’avoir assisté à la fête. Puis, laissant Mme Séverine à La Châtre, parce qu’elle avait consenti à prendre part au banquet donné par les notoriétés de la ville, nous nous empressâmes de repartir pour Nohant, afin de dîner et de changer nos fracs et nos robes d’apparat pour de plus simples toilettes, mieux appropriées à notre excursion du soir. C’est alors que nous eûmes tous une charmante surprise : les petites-filles de George Sand descendirent pour dîner déguisées en Berrichonnes : robes de couleur sombre demi-courtes, froncées à la taille et échancrées en carré, tabliers de soie à bavette, sombres aussi, fichus croisés sur la poitrine et la coiffe traditionnelle ; Gabrielle en portait une selon la mode d’il y a cinquante ans, et Aurore en portait une comme on en portait il y a trente ans de cela.

Nous voici de nouveau sur la route de La Châtre. Il fait encore chaud, mais la chaleur semble moins étouffante, des étoiles s’allument dans le ciel sombre. Au-dessus de La Châtre, on voit une pâle lueur. C’est le reflet des lanternes : toute la ville est illuminée, et combien c’est gentil, cette illumination ! Chacun se donna de la peine, chacun fait ce qu’il peut, l’ensemble est pittoresque, sans prétention, c’est simple, spontané et grandiose, oui, grandiose, car toutes les maisons sont illuminées. Ici on a tendu une corde au-dessus de la rue, et au milieu on a suspendu une énorme lanterne en papier avec les mots : Honneur à George Sand. Là, c’est toute une arcade rouge en lanternes chinoises, suspendues à d’invisibles fils de fer. À côté, on voit une fenêtre