Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à Girerd, des hommes de la veille et de ceux du lendemain.

Or, tout cela, seulement en changeant les locutions populaires contre des expressions convenant aux articles politiques, l’auteur le redit dans le 8e Bulletin qui peut se diviser en deux parties[1]. Dans la première, le ministre de l’Intérieur, au nom duquel se publiaient les Bulletins de la République, notifiait aux « citoyens » que le gouvernement et le peuple devaient se communiquer réciproquement leurs intentions, leurs aspirations et leurs espérances, le gouvernement voudrait entendre la voix du peuple, c’est pour cela qu’il s’adresse à lui.

… Ouvriers des villes et des manufactures, généreux enfants de la République, c’est vous qui formez la majorité des électeurs dans les vastes et nombreux foyers de l’industrie. Il importe que vous vous rendiez compte de vos souffrances, de vos droits et de vos justes prétentions. Faites-les connaître, parlez à vos candidats, parlez à la France ce langage éloquent et simple de la vérité que la France n’a jamais entendu encore d’une manière officielle. Le temps de la plainte est passé ; celui de la vengeance ne viendra plus jamais, parce que celui du droit règne dès aujourd’hui…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Quand vous aurez dit ce que vous avez souffert, ce que vous ne devez plus souffrir, votre tâche ne sera pas encore remplie. Il faudra veiller à ce que tout ce qui est possible soit fait, veiller à ce que rien de possible ne soit omis, veiller à ce que rien d’impossible ne soit exigé…

… Il importe que la classe la plus nombreuse et la plus utile, celle des travailleurs, révèle ses souffrances, il importe, pour qu’elle les révèle avec fruit, qu’elle les révèle avec noblesse, avec fermeté, avec la volonté solennelle de donner au monde un grand exemple de la dignité humaine, reprenant la place qui lui était due. Il faut que le peuple ait la majesté qu’on croyait jadis être l’apanage des rois ; la violence était celui des tyrans. Le peuple a prouvé que l’heure de son règne avait enfin sonné ; car le peuple est calme, patient et ferme. Le peuple n’est pas un souverain absolu, à la manière des rois ; c’est la vérité qui seule est absolue. Les rois sont tombés pour n’avoir pas compris que Dieu était au-dessus d’eux. Le peuple ne tombera pas, parce qu’il puise sa force dans la loi divine[2].

  1. M. Monin observe que dans les Bulletins, ce n’est que la première partie imprimée généralement en plus gros caractères qui est due à la plume de George Sand. L’observation est exacte. Mais quant au Bulletin n° 8, il nous paraît certain que Mme Sand en a écrit les deux parties.
  2. On voit que l’auteur du Bulletin n° 8 est d’accord avec Blaise Bonnin.