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Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/77

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but de son journal sera de contribuer, selon ses forces et ses moyens, à la découverte de cette vérité appartenant à tout le monde. Mais, en outre — et ceci est de toute signification et doit être noté, — George Sand y dit encore qu’une circulaire récente de Ledru-Rollin a éveillé des discussions générales et soulevé les questions capitales du droit social, ce sont ces questions-là que la Cause du Peuple veut traiter.

Effectivement, dans le premier article sur le Socialisme, ayant pour sous-titre : la Souveraineté, c’est l’égalité, George Sand pose la question :

… Un ministre, un membre du gouvernement révolutionnaire a-t-il le droit, lorsque nous sommes encore en pleine révolution, de prendre des mesures exceptionnelles et de déranger l’ordre établi, auquel un nouvel ordre succède ?

Elle y répond :

Sans aucun doute selon nous ; la voix du peuple a prononcé pour l’affirmative, puisque l’adhésion des candidats à la circulaire a été regardée comme une garantie pour le peuple. Mais, continue-t-elle, pour prononcer sur ce droit, il faut soulever tout le problème du droit social ; il faut admettre ou rejeter le principe de la souveraineté du peuple…

Alors, elle s’adresse aux adversaires du suffrage universel et leur dit :

… Eh bien ! il faut vous répondre au nom du peuple, il faut vous lire où le peuple puise son droit de souveraineté, quelle puissance supérieure à lui et à vous le lui concède et veille sur lui, pour le lui conserver malgré vous.

La source de ce droit est en Dieu, qui a créé les hommes parfaitement égaux et qui les conserve tels, en dépit des erreurs des sociétés et de la longue consécration d’un abominable système d’inégalité ; vous avez entassé sophisme sur sophisme, pour prouver que l’égalité n’est pas dans la nature et que, par conséquent, Dieu ne l’a pas consacrée… Vous cherchez vainement à confondre le mot égalité avec celui d’identité. Non, les hommes ne sont pas identiques l’un à l’autre ; la diversité de leurs forces, de leurs instincts, de leurs facultés, de leur aspect, de leur influence est infinie. Il n’y a aucune parité entre un homme et un autre homme ; mais ces diversités infinies consacrent