par ses hésitations il deviendra une cause de graves embarras. Arrière les indifférents et les ambitieux, la patrie a besoin de foi et d’abnégation…
Il dut probablement arriver jusqu’à l’oreille de l’auteur du Bulletin n° 15, que presque partout le peuple ne témoignait aucun désir de choisir des gens qui « porteraient une main hardie sur les institutions oppressives et condamnées » (par exemple : sur la « richesse individuelle », comme le prétendait l’auteur du troisième article socialiste de la Cause du Peuple.) Il dut apprendre aussi que les paysans étaient tout autrement disposés que les ouvriers des villes, qu’on ne voterait pas exclusivement pour ceux qui croient en la République comme en une espèce de divinité dont il n’est pas permis de douter. Et le Bulletin n° 16 laisse alors entendre une menace non déguisée :
… Une heure d’inspiration et d’héroïsme a suffi au peuple pour consacrer le principe de la vérité. Mais dix-huit ans de mensonge opposent au régime de la vérité des obstacles qu’un souffle ne renverse pas ; les élections, si elles ne font pas triompher la vérité sociale, si elles sont l’expression des intérêts d’une caste, arrachées à la confiante loyauté du peuple, les élections, qui devaient être le salut de la République, seront sa perte, il n’en faut pas douter. Il n’y aurait alors qu’une voie de salut pour le peuple qui a fait des barricades, ce serait de manifester une seconde fois sa volonté et d’ajourner les décisions d’une fausse représentation nationale. Ce remède extrême, déplorable, la France voudrait-elle forcer Paris à y recourir ? À Dieu ne plaise !…
À la fin de ce Bulletin la population des campagnes est exhortée à faire cause commune avec celle des cités, parce que « partout la cause du peuple est la même, partout les intérêts du pauvre et de l’opprimé sont solidaires ; si la République succombait à Paris, elle succomberait non seulement en France mais dans tout l’univers… »
Et, après cela, il ne semble pas que l’auteur s’exprime en toute sincérité, en disant :
… Citoyens, il ne faut pas que vous en veniez à être forcés de violer vous-mêmes le principe de votre propre souveraineté. Entre le danger de perdre cette conquête par le fait d’une assemblée incapable ou par celui d’un mouvement d’indignation populaire, le gouvernement pro-