Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

visoire ne peut que vous avertir et vous montrer le péril qui vous menace. Il n’a pas le droit de violenter les esprits et de porter atteinte au principe du droit public. Élu par vous, il ne peut ni empêcher le mal que produirait l’exercice mal compris d’un droit sacré, ni arrêter votre élan, le jour où, vous apercevant vous-mêmes de vos méprises, vous voudriez changer, dans sa forme, l’exercice de ce droit. Mais ce qu’il peut, ce qu’il doit faire, c’est vous éclairer sur les conséquences de vos actes…


On sent dans ces mots, surtout si on les rapproche des Bulletins nos 13 et 15, une indication nullement équivoque : ou bien choisissez des députés radicaux, républicains ; ou bien, si les élections sont réactionnaires, risquez un coup d’État et renversez l’Assemblée nationale qui pourrait être ni démocratique ni républicaine.

Simultanément, avec ces deux derniers Bulletins, George Sand écrivit ses cinq Paroles de Blaise Bonnin. Les sous-titres seuls prouvent combien la différence qui s’accentuait entre les aspirations et les dispositions des ouvriers des villes et celles des gens de la campagne, jointe au mécontentement général suscité par le nouvel impôt, inquiétaient George Sand et lui donnaient de justes craintes. Les deux premières Paroles de Blaise Bonnin aux bons citoyens sont intitulées : l’Impôt et Encore l’impôt. Notre vieil ami Blaise, toujours dans son simple et clair langage, qui cette fois pourtant n’est point la langue d’oïl, mais le bon français de tout le monde, l’ami Blaise, disons-nous, y exhorte le peuple à « encore patienter un peu », à faire encore un nouveau sacrifice que les circonstances exigent de lui sous la forme de cet impôt de 45 centimes. Mais il l’exhorte aussi à mettre la main à la pâte pour que de meilleurs temps arrivent plus vite, et, à cette fin, il lui conseille de choisir « une bonne Assemblée ».

Les trois derniers numéros des Paroles de Blaise Bonnin sont intitulés : l’Ouvrier des villes et l’Ouvrier des campagnes, l’Agriculteur et l’Artisan, et enfin, les Villes et les Campagnes, et sont consacrés au développement de la même idée du Bulletin n° 16 sur la solidarité des intérêts du prolétariat des villes et des campagnes.