que plus tard et que la question de savoir qui avait écrit ce Bulletin ou signé un bon à tirer ne fut vidée définitivement qu’après la journée du 15 mai dont il fut considéré comme le prodrome et la cause, néanmoins, Ledru-Rollin qui s’était rapproché, dès le 16 avril, des modérés et de Lamartine en particulier, s’empressa de renier ce Bulletin, et George Sand elle-même fut probablement reconnue pour une collaboratrice incommode. Il s’ensuivit un froid entre les alliés de naguère, et quoique George Sand ne renia point « son parti », elle n’écrivit plus de Bulletins pour Ledru-Rollin, et il lui arriva parfois de qualifier celui-ci du nom de : « le gros Ledru ». Il est probable toutefois que la description de la Fête de la fraternité du 20 avril, dans le Bulletin n° 19, est due à sa plume, comme le suppose aussi M. Monin, et comme on peut le conclure par les lignes de la lettre à Maurice :
« Il me faudrait t’écrire vingt pages pour te raconter tout ce qui s’est passé, et je n’ai pas cinq minutes. Tu en trouveras une relation bien abrégée dans le Bulletin de la République et dans la Cause du Peuple[1].
Mais nous nous empressons de remarquer que les descriptions de la Journée du 20 avril, celle qui parut dans la Cause du Peuple et celle que contient le Bulletin n° 19, sont différentes, quoique très ressemblantes : la seconde n’est nullement « empruntée » à la Cause du Peuple, comme le prétend M. Monin.
Le Bulletin n° 16, publié le 15 avril, est comme le dernier acte de la participation littéraire de George Sand aux affaires du gouvernement provisoire. Le 16 avril fut aussi, paraît-il, le dernier jour de sa participation active dans ces affaires, du moins, depuis ce jour, la part qu’elle prit aux événements eut un autre caractère.
Avant de parler de cette mémorable journée, disons quelques mots sur le Bulletin n° 12, dont nous n’avons rien dit encore (quoiqu’il soit considéré comme le plus sûrement dû à la plume
- ↑ Correspondance, t. III, p. 46, lettre du 21 avril.