Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/94

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intérêts menacés de leurs « maisons ». L’histoire ne dit pas si ce syndicat d’un nouveau genre envoya une députation à l’Hôtel de ville. »

L’auteur anonyme de la Préface des Bulletins de la République, dont il a été plus d’une fois question dans ces pages, trouve que ce Bulletin « trahit une origine particulière ».

… On y reconnaît sans peine les idées, le style et la touche habituelle d’un bas bleu célèbre, voué, depuis quelques années, à la défense de son sexe ; l’auteur de Lélia et de Valentine se laisse deviner à chaque ligne, George Sand y occupe une chaire de morale à l’usage des femmes…

M. Monin réfute en toute justesse cette prétendue défense exclusive de son sexe de la part de George Sand et démontre, en quelques lignes probantes, qu’en 1848, comme toujours, George Sand s’intéressait bien plus aux questions générales et humaines qu’au féminisme. Le Bulletin n° 12 confirme ce fait de tous points. Bien plus, nous y trouvons plusieurs phrases redondantes, des locutions qui ne sont pas propres à George Sand, et qui, selon nous, doivent avoir été écrites par un homme, et non pas par une femme. Nous ne pouvons pas dire qui avait revu ou corrigé ce Bulletin, si ce fut Jules Favre, Arago ou Ledru lui-même, mais nous sommes convaincus que George Sand ne l’avait pas écrit seule[1].

Or, ce n’est pas seulement dans ce bulletin-là, mais deux fois encore que George Sand se prononça dans la presse contre les réclamations féminines, hors de propos, lorsque les droits de l’homme ne sont pas encore conquis, et en particulier contre le point pour lequel, de nos jours, les suffragettes anglaises combattirent avec une énergie extravagante : contre la participation des femmes aux élections et à la députation. Voici les deux cas où George Sand eut à se prononcer.

  1. Dans sa lettre du 7 août à Girerd, George Sand dit au sujet de la manière dont étaient rédigés, corrigés et imprimés les Bulletins qu’elle avait « accepté la censure du ministre ou des personnes qu’il commettait à cet examen « , qu’elle « ignorait si les cinq ou six Bulletins qu’elle avait envoyés au ministre ont été « examinés » et qu’elle « ne revoyait jamais les épreuves ». Ceci rend probable notre supposition que le Bulletin n° 12 a été retouché par quelqu’un des membres du gouvernement.