Page:Karenin - George Sand sa vie et ses oeuvres T4.djvu/99

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école). C’est pour cette raison qu’elle qualifiait du nom de « dames socialistes » les membres des clubs féminins socialistes, tout comme un peu plus tard elle disait très explicitement en parlant d’elle-même :

… Si, par le communisme, on entend l’adhésion à quelque groupe précis, à quelque secte définie, nous ne sommes pas communistes ; mais si on entend par ce terme la sympathie pour certaines idées, certaines aspirations, certaines croyances, oui, alors, nous sommes communistes.

George Sand croyait nuisible à la cause de la République le socialisme et le communisme, et n’importe quelle autre secte vouée à quelque unique idée, ne voyant rien ni à droite, ni à gauche, des gens aveugles pour tout ce qui n’est pas leur clan, voulant exhausser leur secte au détriment de la grande cause de la liberté et de l’égalité, bref, des hommes de parti dans le sens exact du mot. C’est à leur myopie qu’elle attribua la défaite du peuple au 16 avril. Dans la description de cette journée parue dans le dernier numéro de la Cause du Peuple et ressemblant beaucoup à la version donnée à cet épisode dans le Bulletin n° 20, que nous serions fort portés à lui attribuer, quoiqu’il n’y ait aucune preuve du fait[1], George Sand dit ceci : La secte (c’est-à-dire : Blanqui, Raspail et C°, et Louis Blanc lui-même, tous ceux qui portèrent audacieusement leurs réclamations à l’hôtel de ville dans le but secret de forcer le gouvernement provisoire à n’écouter qu’eux) et la caste (c’est-à-dire la bourgeoisie effrayée outre mesure et la Garde nationale qui s’y élancèrent également afin de défendre ce gouvernement), avaient failli tuer la jeune République. Mme Sand assure y avoir assisté en simple spectateur et vu que les deux foules, l’une armée, l’autre désarmée, chacune croyant qu’on voulait égorger une partie du gouvernement provisoire, accoururent des deux

  1. Si l’on ne compte pas pour une telle preuve le fait que Daniel Stem lui attribue ce Bulletin {Histoire de 1848, t. II, p. 305) dont elle cite un passage effectivement très ressemblant, comme style et idée, aux écrits de Mme Sand. Or, comme nous l’avons dit maintes fois et comme nous allons le répéter plusieurs fois encore, Daniel Stem était à ce moment précis, on ne sait pas trop comment, très au courant des faits et gestes de son ancienne amie.