Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
CONTES ET NOUVELLES.

Mais, grâce à Dieu, tout cela va finir. Je vais gagner ma vie.

Voici comment cela est arrivé :

Il est survenu, l’autre jour, un étranger chez mon oncle ; celui-ci, qui me traite toujours comme un enfant, lui dit :

Le petit va vous mener voir la cathédrale.

Tu connais Lausanne ; nous avons pris cette rue en escalier, couverte d’un toit, qui conduit à l’église. Il y a un quart d’heure à gravir ; puis, quand on est en haut, on voit, sur la porte, qu’il fallait prendre, en bas, M. Bâche, marguillier et teinturier, qui a les clefs.

L’étranger, à la façon dont mon oncle me traite, m’avait pris sans doute pour un domestique : hélas ! il ne pouvait me prendre pour rien de pire qu’un pauvre diable élevé par charité comme je suis. L’étranger me dit d’aller chercher M. Bâche. Un moment, j’eus envie de quitter l’étranger, mon oncle, Lausanne, et de m’en aller à travers ces belles plaines vertes de la terre et ces belles plaines bleues du ciel, et de ne jamais revenir. J’allai cependant chercher M. Bâche : le teinturier n’avait pas alors le