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CONTES ET NOUVELLES.

Une amnistie fut proclamée dans le même temps pour les déserteurs et pour les réfractaires. Un matin, Onésime Romain conduisit Bérénice à la messe et lui donna son nom. Onésime était bien changé, il avait tant souffert pendant quatre ans !

Cependant le bonheur ne tarda pas à rétablir sa santé ; il travailla avec courage et succès.

Quand on sut que Romain était le père de l’enfant de Bérénice, et que, s’il ne l’avait pas épousée plus tôt, c’est qu’il ne pouvait se montrer sans s’exposer à être pris et fusillé, personne n’eut plus rien à dire sur la vertu de madame Romain.

Samuel Aubry vivait de sa croix et d’une petite ferme que lui avait laissée son père.

Romain et Bérénice vivaient de leur travail.

Comme le savent tous les pêcheurs, la pêche du hareng manque tous les ans depuis la déchéance de l’empereur Napoléon ; ce n’est maintenant que par petites colonnes qu’ils passent sur nos côtes. Les vieux pêcheurs normands racontent avec enthousiasme que, sous le règne de Napoléon, on ne se donnait pas toujours la peine