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ROMAIN D’ÉTRETAT.

Il fut obligé de virer de bord et de revenir ; mais il avait à relever ses filets, qu’il avait tendus la veille pour les homards, l’occasion étant d’autant meilleure que le vent d’est par lequel il était parti l’avait fait naturellement dériver en aval du côté du Havre.

C’était presque au-dessous de la Courtine, vieille fortification ruinée au-dessus de la falaise, que Romain avait tendu ses derniers filets. La mer était basse ; il suivit le chemin sous la falaise, relevant ses filets, et donnant le butin à ses deux compagnons, qui conduisaient la barque à une demi-portée de fusil du bord. Quand il eut relevé le premier filet, il laissa ses hommes continuer le chemin par la mer, et lui suivit la falaise. Il faisait un soleil dévorant.

Arrivé à une profonde caverne, à laquelle une tradition a donné le nom de Trou à l’Homme, il y entra pour s’y reposer un moment.

Il n’y a rien de si beau que ces grottes que l’on trouve à chaque instant dans les falaises. Le bas est revêtu d’une roche blanche semblable au plus beau marbre ; la voûte est toute tapissée d’une sorte de mousse d’un lilas rouge, qui, dans l’om-