Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/140

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
134
CONTES ET NOUVELLES.

bre semble, par ses riches reflets, une immense tenture de velours violet ; des angles des roches pendent des algues et des varechs, sombre verdure de l’Océan, qui paraissent d’abord noirs, et, vus en transparent, sont des plus belles nuances de vert, de violet et de pourpre.

Romain tira sa gourde, et but un peu de genièvre, puis il se disposa à se remettre en route.

Mais, au fond de la grotte, il entendit des soupirs… ; il avança. À ces soupirs se mêlaient des baisers.

— Partons, dit-il, voici deux amants que je gênerais.

Cependant il s’arrêta encore au bord de la grotte, la fraîcheur était si agréable ! Il tira sa pipe, battit le briquet, et fuma.

Le temps passe vite pour les fumeurs. Si vous m’accordez ceci, vous admettrez qu’il passe encore plus vite pour les amants. Le soleil descendit derrière la haute aiguille placée presque devant le Trou à l’Homme. Romain resta à le regarder coucher. Néanmoins, la mer montait, et, comme il s’était élevé un fort vent de S.-O., les lames venaient par moments jusqu’à l’entrée de