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ROMAIN D’ÉTRETAT.

la grotte. Il allait partir, mais une pensée le fit rentrer dans la grotte.

— Holà ! hé ! cria-t-il, mes tourtereaux, la mer monte.

Mais, à sa voix, répondit un cri d’effroi et d’angoisse.

Romain se précipita au fond de la grotte. Une lutte s’engagea dans l’ombre, puis Romain sortit avec Bérénice ; tous deux était horriblement pâles. Personne ne sortit derrière eux. Romain jeta son couteau à la mer.

Le lendemain, Romain avait disparu. La mer apporta sur le galet d’Étretat le cadavre de Samuel Aubry.

Plus en amont, non loin d’Étretat, au-dessous de l’endroit où Romain avait autrefois soutenu le siège, on trouva encore ses sabots et sa blouse ; mais, cette fois, il y avait dans la blouse un corps brisé et en lambeaux.

Bérénice prit le deuil. Ce deuil extérieur pour Romain lui permettait de pleurer Samuel Aubry.

Il y a tant de morts qu’on pleure comme le lierre, qui, après avoir étouffé un arbre, pare sa tête morte de vertes guirlandes.