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LES WILLIS.

Vers minuit, en effet, Henry se mit en route, le sac sur le dos et le fusil sous le bras ; il fit un détour ; car, avant de quitter le pays, il voulait voir encore une fois la maison d’Anna, et la lueur de la veilleuse qui brûlait dans sa chambre.

Comme il approchait, il cueillit quelque brins de bruyère blanche et en tressa une couronne pour l’appendre à la fenêtre de sa bien-aimée. Il écarta doucement les branches des coudriers qui entouraient la maison, et plaça sa couronne ; la veilleuse, à travers les rideaux, éclairait la petite chambre d’une lueur mystérieuse ; Henry rompit la branche de coudrier qui touchait de plus près la fenêtre, et l’emporta.

Puis il partit lentement, se retourna quelquefois, s’arrêta longtemps à l’endroit où le détour du sentier allait lui cacher la maison éclairée par la lune, et disparut.

Le lendemain matin, dès que le soleil glissa ses premiers rayons roses dans la petite chambre, Anna ouvrit sa fenêtre ; ses cheveux étaient en désordre et sa robe froissée ; elle avait pleuré tout le soir, et s’était endormie de lassitude sans