Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/164

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pavé d’agate, des colonnes de jaspe ; sur les femmes, des colliers de perles énormes, des bracelets d’émeraudes monstrueuses, des diadèmes d’opales hyperboliques, des châles à passer à travers une aiguille ; il se voyait lui-même paré, fêté, enivré, couronné de roses, couronné de myrte.

Quelque loin qu’on aille, on finit par arriver ; on arrive bien à Saint-Maur : trois lieues à faire en coucou.

Théodore arriva à Constantinople.

Pauvre Théodore !

Il trouva d’abord une ville sale, étroite, mal bâtie, tremblotante. Souvent, par les rues, des rosses avec des brides de corde, des hommes à moitié nus. Pour monnaie, de vieilles pièces rognées d’Allemagne, de Hollande, d’Espagne ; pour mets, et c’est le seul favori, le mets par excellence, du riz assaisonné avec du poivre et gluant de beurre : c’est le pilau dans sa perfection ; le plus grand talent du cuisinier consiste à ne pas laisser crever le riz, et à le teindre en jaune avec du safran, ou en rouge pâle avec du jus de grenade ; et, quand les officiers mangent