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Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/170

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Il écrivit au père d’Anna ; sa lettre commençait par ces mots : « Je suis riche, excessivement riche. » Cette nouvelle, ainsi annoncée avant de parler de tant d’autres choses plus importantes, mécontenta Anna ; cependant, en songeant que c’était pour elle que Théodore avait voulu devenir riche, elle ne songea plus qu’à le recevoir plus tôt qu’elle ne pouvait naturellement l’attendre.

Cependant, la pensée de cette grande fortune de Théodore ôta à la joie de la jeune fille beaucoup de son abandon et de sa grâce ; le père, de son côté, par un sentiment noble en lui-même, mais exagéré, ne voulut pas paraître aussi prévenant que de coutume, pour ne pas sembler trop empressé. Théodore, au contraire, sentait combien les rôles étaient changés ; combien lui, qui demandait une grâce peu de temps auparavant, semblait alors en faire une par la nouvelle position que le sort lui avait donnée ; et, pour dissimuler cette pensée qui se glissait en lui, malgré lui, il affectait un air amical et familier ; mais, comme tout ce qui est affecté, cela se fit maladroitement, et augmenta la réserve du père