Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/169

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On le fouilla ; malgré sa résistance, on prit son diamant ; sa douleur fit croire aux Arabes que c’était une amulette : une femme en fit un jouet pour son enfant.

Le chef le prit en amitié, et lui dit, un jour, qu’il pourrait s’en aller avec tout ce qu’on lui avait pris, sitôt qu’il serait guéri. La mère de l’enfant, qui prenait le diamant pour un talisman, se jeta à ses genoux pour le prier de le laisser à son fils ; elle alla plus loin : elle lui en offrit le plus haut prix qu’elle pût offrir. Les richesses endurcissent ; il refusa. Alors elle, à son tour, refusa formellement de le rendre.

La nuit, Théodore mit un bâillon à l’enfant, et s’enfuit avec son trésor. Deux jours et deux nuits il se cacha dans une caverne, sans manger ; puis, rencontré par une caravane, il continua sa route, toujours inquiet, défiant, repoussant la moindre politesse avec humeur, prêt à poignarder le voyageur dont le regard malencontreux s’arrêtait sur l’endroit où il tenait le diamant caché, demandant dans les auberges la plus mauvaise chambre, pour ne pas laisser soupçonner sa fortune.