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BERTHE ET RODOLPHE.

moment de sa mort, le lit encore défait, la harpe dans un coin.

Quand arriva le jour de la naissance de Berthe, il se para, ce qui ne lui était pas encore arrivé. Il remplit la chambre de fleurs ; et, lorsque vint le soir, il s’enferma et joua sur la flûte l’air qu’ils avaient si souvent joué ensemble.

Le lendemain, on le trouva étendu roide sur le plancher. Quand il reprit ses sens, il était devenu fou ; il fallut encore le faire voyager. Au bout d’une année, il revint dans sa maison ; son cerveau paraissait rétabli ; seulement, il était triste et silencieux.

Arriva encore le jour de la naissance de Berthe ; il remplit la chambre de fleurs fraîches, et, vers le soir, il s’enferma, paré, comme au jour de ses noces ; puis il joua sur sa flûte toujours le même air !

Le lendemain, on le trouva encore étendu par terre.

Mais, quand on voulut l’emmener, il dit froidement que, si on ne le laissait pas dans la maison où était morte sa femme, il se tuerait. On crut devoir lui céder, d’autant que sa raison