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POUR NE PAS ÊTRE TREIZE.

bleu avait perdu, sans que je m’en fusse aperçu, l’air cossu qui m’avait fait rejeter l’autre pour lui ; mais mon habit gris me parut non-seulement infiniment meilleur que je ne m’y attendais, mais encore de beaucoup mieux conservé que le bleu. Je le mis donc, et retournai chez M. Gautherot.

Il y avait beaucoup de monde chez M. Gautherot ; on fit peu attention à moi ; madame Gautrot répondit par une révérence à un compliment que je lui fis, et dit :

— On n’attend plus que M. Rignoux.

On l’attendit une demi-heure ; puis un domestique apporta une lettre, par laquelle ledit M. Rignoux s’excusait de ne pas venir : sa femme était malade.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria madame Gautherot, comment faire ?

Je ne compris pas bien cette interjection ; il me paraissait n’y avoir à faire qu’une chose très-simple, c’est-à-dire de dîner sans M. Rignoux. M. Gautherot suivit sa femme dans une embrasure de la fenêtre, et, là, ils eurent à voix basse une conversation animée, dans laquelle je ne