Aller au contenu

Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
187
BOURET ET GAUSSIN.

vous plaira, et j’aurai le bonheur de reconnaître dignement ce qui me semble plus précieux que tout l’argent de M. le comte et que la couronne du roi de France. »

Mademoiselle Gaussin fut surprise, puis s’intéressa à l’auteur de cette lettre ; il y avait là de l’amour, de l’originalité, et une confiance dans l’avenir qui prouvait une puissance de volonté et une énergie capables de réussir.

— Puis, se dit-elle, je puis bien donner une fois par charité ce que d’autres payent si cher. Si ce n’est pas une bonne affaire, ce sera une bonne œuvre, et elle me sera comptée dans le ciel.

De sorte que Bouret fut accueilli favorablement. Mademoiselle Gaussin n’eut pas à s’en repentir. Elle trouva en lui un jeune homme bon, spirituel, et, ce qui vaut mieux peut-être que cela, extrêmement amoureux. Cette liaison dura quelque temps, puis Bouret fut chassé par M. le comte et obtint une petite place dans la maltôte ; mademoiselle Gaussin recommença à s’occuper de ses affaires. Ils ne se virent plus qu’à des intervalles éloignés ; enfin ils se perdirent de vue.