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Page:Karr - Contes et nouvelles, 1867.djvu/192

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CONTES ET NOUVELLES.

» Néanmoins, j’ai bon courage et confiance dans l’avenir ; je me sens du cœur et de l’énergie, et, qui plus est, je sens d’immenses désirs et d’immenses besoins : je ferai fortune, je serai riche un jour ; mais qui sait quel jour ?

» J’ai pensé d’abord que je n’avais qu’à attendre, que mon amour pour vous serait un nouveau mobile à mon ambition, et que je reviendrais plus tard à vos pieds, riche et puissant. Mais cette longue attente me tuerait ; et, quelque impossible que paraisse la chose, à vous voir aujourd’hui si fraîche et si belle, il n’est que trop vrai que vous pouvez vieillir, pardonnez l’expression, avant que j’aie fait fortune.

» Voici donc, mademoiselle, ce que j’ai imaginé ; au nom du ciel, ne me refusez pas, ce serait me porter au désespoir. Je vous offre mon amour et ce que je possède ; car, je le répète, je ferai fortune ; je vous offre l’amour comptant ; la fortune à terme, de la manière que voici : Je signerai un papier blanc, je corroborerai cette signature de toutes les formalités possibles, et je le déposerai à vos pieds. Quand j’aurai fait fortune, vous remplirez le blanc de la manière qu’il