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BOURET ET GAUSSIN.

étaient satisfaits du côte de la fortune. Une nouvelle carrière s’ouvrit à son ambition ; il demanda et obtint la main d’une cousine de madame de Pompadour.

Comme il se laissait ainsi bercer par le bonheur, il lui revint aux oreilles que mademoiselle Gaussin avait dit quelque part :

— Bouret est riche aujourd’hui : il est juste qu’il paye ses dettes. J’ai de lui une signature en blanc en bonne forme ; je vais la remplir, et lui envoyer son billet.

Il se trouva là quelqu’un qui, soit qu’il n’aimât pas Bouret, soit qu’il voulût se faire bien venir de mademoiselle Gaussin, lui dit :

— Et le moment est d’autant plus favorable, que, quelque envie qu’il en puisse avoir, il ne s’avisera pas de chicaner ni de nier sa signature ; il payera tout ce qu’on demandera, dût-il en crever, pour ne pas ébruiter la chose. Il est près d’épouser une dame de laquelle dépend son élévation : cette dame fait métier de prude, et ne verrait pas d’un bon œil un témoignage aussi évident de sa liaison avec vous.

— Je vous remercie de l’avis, avait répondu