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CONTES ET NOUVELLES.

mademoiselle Gaussin, j’aurai soin d’en profiter.

Bouret ne fut pas sans inquiétude : ce qu’on avait dit à mademoiselle Gaussin était vrai. L’honneur de sa future épouse était tel, que la divulgation de cette affaire eût nécessairement fait manquer le mariage. Il chargea un ami commun à lui et à mademoiselle Gaussin de la prier de mettre un prix à l’annulation d’un écrit sans force et sans autorité, offrant de reconnaître cette complaisance par un riche cadeau. Il ajouta qu’il savait que mademoiselle Gaussin avait perdu une partie de sa fortune ; que, dans son intérêt propre, il valait mieux qu’elle s’arrangeât à l’amiable avec lui ; qu’il était disposé à faire les choses raisonnablement et même généreusement ; mais il craignait que mademoiselle Gaussin ne cédât à l’influence d’amis imprudents et ne se livrât à quelque folie.

Mademoiselle Gaussin fit répondre que le marché avait été fait de bonne foi ; qu’elle n’avait pas mis de restrictions dans ce qu’elle avait donné ; que Bouret n’avait pas prétendu en mettre dans le prix qu’il en avait offert sans qu’on